Radio Gayéri : désenclavement et développement par les ondes

Après avoir passé quelques années à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, je suis
rentré dans mon village histoire de saluer les parents et amis qui y sont
restés. Gayéri, c’est de là qu’il s’agit, situé à l’Est du pays à près 300 Km
de la capitale, avait changé. L’élément le plus visible : la radio
communautaire de Gayéri. C’est elle qui relie la population de ce Burkina
profond au reste du pays. C’est aussi par elle que les populations s’expriment
sur leur avenir.

 

« La radio nous aide beaucoup. Elle nous apporte de nouvelles connaissances et des conseils dans divers domaines : santé, hygiène, éducation, etc. Sans la radio, c’est comme si l’on est dans un
trou
 ». C’est la réponse de j’ai reçue de la présidente des femmes de
Gayéri lorsque je lui ai demandé ce que cette radio leur apporte. Durant mon
absence, la radio communautaire de Gayéri est née et a déjà semé de nouvelles
connaissances au sein de la population gayérienne. Elle a informé et formé les
auditeurs à travers des émissions d’éducation, d’information et de
divertissement.

La radio communautaire de Gayéri est pratiquement la seule ouverture vers l’extérieure de la province. Les quotidiens arrivent souvent avec 1 mois de retard compte tenu de la
distance qui sépare Gayéri de la capitale, Ouagadougou. Les ondes de la
télévision et la radio nationales ne parviennent pas non plus dans cette partie
du Burkina. C’est donc, grâce aux synchronisations que Radio Gayéri fait avec
la radio nationale que les habitants reçoivent les informations de leur pays.
Avec cette radio, ils ont la possibilité d’écouter les éditions des journaux de
la radio nationale de 6h et 19h chaque jour. Avant il fallait passer des
rallongements des antennes des postes récepteurs et des positions particulières
pour espérer capter la radio nationale. Maintenant, cette radio rapproche les
populations de Gayéri de leur Etat mais aussi d’elles-mêmes. C’est par elle que
l’on a les nouvelles des uns et des autres. Qu’il s’agisse de mariage, de décès,
d’invitation de culture, de funérailles, de perte d’animaux etc. Les bonnes
nouvelles comme les nouvelles tristes passent par les antennes de la radio.
Pour l’administration locale, plus besoin d’aller de village en village pour
donner les informations. Par la « radio tous sont informés », nous a confié le maire de Gayéri, Djingri
Traoré.

La démocratisation de la parole

La radio communautaire est aussi un cadre d’expression sur les sujets qui concernent la vie de la
communauté. Les auditeurs débattent sur les antennes pour trouver des solutions
aux maux qui minent leur vie. J’ai rencontré un des animateurs qui m’a parlé
d’une émission particulière. « Il y eut une année où nous avons enregistré une vingtaine de grossesses au lycée provincial. Donc J’ai trouvé qu’il était important d’aborder ce sujet pour
permettre à la fois aux gens de s’exprimer sur ce problème mais aussi de sensibiliser les auteurs de ces grossesses et conseiller les jeunes filles»,
m’a expliqué Ohiano. Cette émission, par exemple, a permis aux membres de la communauté de s’exprimer et de proposer des solutions face à cette situation qui freine la scolarisation et le maintien des filles à l’école. L’animateur
m’a assuré que cette émission a plu aux auditeurs et que certains demandaient
sa reprise. La radio donne la parole ceux mêmes qui, d’habitude, ne l’ont
pas : les femmes et les enfants. Avec l’appui des services techniques, la
radio fait souvent des jeux radiophoniques en faveur des enfants notamment sur
l’hygiène à l’école. Les femmes ont aussi des plages d’animation sur les
antennes de la radio.

 

Lacontribution des auditeurs

 

Les auditeurs apportent
un soutien considérable au fonctionnement de la radio. Chaque auditeur donne ce
qu’il a pour la bonne marche de cet outil de communication. « Dans les villages, ceux qui arrivent
à nous capter et qui sont satisfaits, s’organisent par village ou par
associations ou même individuellement pour nous envoyer de l’argent afin de
nous soutenir
 », m’a confié le chef de station, Issa Sépama. Les
femmes se regroupent en association. Elles font des cotisations. Chaque femme
donne ce qu’elle a : 100 f  CFA, 200
f CFA, 300 f CFA, etc. Les hommes, eux, agissent plus individuellement. Ces
contributions permettent de régler certaines dépenses notamment, le carburant,
les réparations des petites pannes ou l’achat de groupe électrogène.

Les auditeurs
contribuent à la vie de la radio par leur participation aux émissions aussi.
Les émissions de débat et d’échange enregistrent beaucoup d’interventions. Les
auditeurs appellent depuis leurs maisons ou hameaux de culture pour  donner leur avis sur le sujet abordé.
Souvent, ce sont les auditeurs eux-mêmes qui animent certaines émissions. C’est
l’exemple des contes en gulmancema, la locale la plus parlée. Là aussi, elles
s’organisent en village. Elles viennent conter et repartent souvent dans leurs
villages après 20 h TU.

 

Desdifficultés existent tout de même

 

Il y a un certain
nombre de difficultés qui se présentent à cette radio. Le fait qu’elle
fonctionne avec le groupe électrogène 
entraine un coup élevé de la production due à l’achat du carburant. Il
lui faut verser une somme de 3 millions de F CFA pour bénéficier des services
de l’électricité. Une somme que la radio ne dispose pas. Le matériel que la
radio utilise est également vêtus et défectueux. A cela s’ajoute l’imminence de
la radiodiffusion numérique. Avec l’avènement de ce mode de diffusion, les
radios doivent, d’ici 2020, renouveler, leur matériel pour s’adapter au
numérique.

En attendant, la radio
communautaire de Gayéri continue d’émettre sur la 91.8 FM au bonheur de ses
auditeurs. Et moi d’observer le changement qu’elle apporte à la population de
Gayéri.

 



14/09/2012
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